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Photo du rédacteurHermann - BioPictures

Mare (sensibilisation et intérêts écologiques)

Dernière mise à jour : 14 sept.

Si vous lisez ces lignes, c’est que cet article a attiré votre curiosité. Installez-vous, car il est fait pour toute personne intéressée par ce sujet, novice ou non. Si vous en savez plus et que vous avez envie d’apporter votre pierre à l’édifice (à la fois pour les lecteurs mais aussi pour moi), vous pouvez laisser un commentaire !


Je vais vous parler des mares et de leurs interêts écologiques. Cette idée de thème m’est venue suite à un projet réalisé dans le cadre de mon Service Civique. Nous avons mis en place avec différentes structures et associations une mare au sein d’un refuge labellisé LPO. J’avais donc envie de vous sensibiliser au sujet en vous présentant les intérêts de ces milieux, aujourd’hui en danger.


Mais tout d’abord, qu’est ce qu’une mare ?



Qu’est ce que ?


"Une mare est un joli petit point d’eau ornemental avec de mignonnes carpes Koï dedans" NON !

Pardon.. je me suis emporté.



Avant tout, et pour appliquer l’introduction en entonnoir si bien enseignée à la fac, je vais vous parler des zones humides.


Selon la convention relative aux zones humides de 1971 (Ramsar) qui oeuvre pour leur conservation et utilisation rationelle, les zones humides sont des « étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres ».


Ces milieux sont indispensables à toute la biodiversité autant pour les espèces qui y vivent et s’y reproduisent que pour celles qui s’y abreuvent juste.
Comme vous le savez, une mare correspond aux critères de la définition. Cependant il ne s’agit ni d’un lac ni d’une rivière. A mon sens (c’est assez complexe de trouver une définition précise d’une mare), une mare est une étendue d’eau généralement stagnante de faible profondeur qui peut posséder de nombreux caractères variables et ne se remplit pas en continu.


Mais alors, d’où viennent-elles ?



Origine et fonctionnement


Elles peuvent avoir deux origines :


  • Les mares naturelles : qui peuvent venir d’une simple dépression au niveau d’un sol imperméable, d’une accumulation d’eau suite au trou lié au déracinement d’un arbre ou encore d’un bras mort de cours d’eau.

  • Mais aujourd’hui, la grande majorité des mares sont d’origine anthropiques, créées par l’Homme. A la base, elles étaient conçue pour abreuver le bétail, servir de lavoir, de réserve d’eau... Mais avec la modernisation et l’essor des technologies, elles ont été délaissées. Elles se sont donc bouchées ou ont même pu servir de dépotoir.


Quoiqu’il arrive, aujourd’hui, son utilité écologique n’est plus à démontrer et le blason des mares se redore (+1 point pour gryffondor).


Concernant le phénomène de remplissage, il ne diffère pas selon le type de mare. L’eau pluviale, son ruissellement mais aussi les nappes phréatiques jouent ce rôle. C’est pour cela qu’il est dit qu’une mare n’est pas alimentée constamment.



Création d'une mare en faveur de la biodiversité
Création d'une mare en faveur de la biodiversité
Photos 1 - Mare quelques jours après sa création

Lors de la première mise en eau, "l’équilibre écologique" de la mare est encore loin d’être atteint. Sur les photos 1, on observe la première mise en eau (de manière pluviale) d’une mare. Vous voyez assez vite que ce n’est pas l’image que l’on se fait d’une mare. Et c’est normal ! Il faut encore que les producteurs primaires (végétaux) viennent la coloniser, ce qui va attirer leurs prédateurs etc.. Comme tout écosystème, la mare va suivre son processus naturel d’évolution, qui la conduira (sans intervention humaine) à un comblement quoiqu’il arrive.


Toute jeune, la végétation va doucement commencer à coloniser la mare. Au début, il y a très peu de vase (sédiments) au fond de la mare. De plus en plus présente, la végétation prend de la place mais laisse aussi des dépôts tels que des feuilles comme on peut ci-dessus. En se décomposant, cette matière organique, qui est aussi d’origine animale (insectes, excréments,..), se dépose au fond de la mare ce qui réduit le volume d’eau disponible. La continuité de ce processus naturel va entrainer, sans intervention humaine je rappelle, toute mare à se refermer un jour ou l’autre. Il s’agit du processus d’atterrissement.


Petite parenthèse pour vous dire que ci-dessus, on peut observer la plantation de joncs directement après la création de la mare. Avant ça, la mare était un tout petit trou d’eau bordé de ces végétaux. Nous avons donc décidé de les replanter au même endroit, maintenant devenu une mare.


Evolution de l'état d'une mare en eau 6 mois après sa création
Photo 2 - Mare 6 mois après sa création

La photo 2 présente la même mare mais 6 mois après sa création ! Bien que la mare n'ait pas encore eue le temps de se stabiliser écologiquement, on observe bien la différence avec les photos 1. Les joncs et d'autres espèces végétales ont commencé à coloniser le contour et certaines espèces animales dont des odonates se sont appropriés ce point d'eau en commençant à pondre à l'intérieur. La mare semble donc attrayante, espérons qu'elle poursuive ce chemin !



Diversité des mares


Même si la finalité d’une mare est son comblement, ce n’est pas pour autant qu’elles vont se ressembler, au contraire ! De nombreux critères caractérisent ces points d’eau : le type de milieu dans laquelle elle se trouve, l’âge, la nature du fond, la forme, la pente des berges, le pH, la vitesse du comblement, le type de faune et de flore qu’on y retrouve,..


Prenons un exemple :


Une mare aux alentours d’une grande végétation avec beaucoup d’arbres au dessus era plus vite comblée par des débris végétaux qu’une mare au milieu d’une plaine. Mais cette dernière se désechera sans doute plus vite car elle sera plus exposée au soleil.


Cela montre une autre notion que je veux pointer du doigt, la notion de temporalité. Le principal élément d’une mare est l’eau (on est d’accord). Mais il faut savoir que cette eau n’est pas forcément présente toute l’année ! Eh oui Jamy ! Certaines mares s’assèchent en été, elles sont dites temporaires. Mais elles pourront potentiellement se reremplir à la saison des pluies. Cette mare temporaire est toute aussi importante qu’une mare en eau toute l’année (dite permanente), tout comme une mare gelée en hiver...

Elles n’accueilleront tout de même pas la même biodiversité. C’est logique, certaines espèces ne supporteront pas la période sèche d’une mare, contrairement à d’autres.


Chaque mare est unique, importante, mais elles apportent toutes quelques choses de différent ! Ce point est essentiel, car il faut aussi partie de la diversité de ces milieux.



Rôles écologiques


« Pourquoi sont-elles importantes ? » : très bonne question, merci.


Elles jouent des rôles de nature différente. Tout d’abord, c’est un point d’eau. Eh oui ! Une mare en plein coeur d’une forêt permettra d’abreuver aussi bien mammifères qu’oiseaux. Placez-y un piège photo et vous serez peut-être surpris par ce que vous observerez 😉.


Vous avez bien placés votre piège photo ? Parfait, vous pouvez donc m’aider à rédiger ces lignes. Car oui, une mare apporte beaucoup de biodiversité. Et plus il y a de biodiversité, plus le milieu est résistant aux changements brusques (on reviendra sur ce point juste après).



Du fait de sa faible profondeur, l’eau de la mare a accès n’importe où à la lumière du soleil ce qui rend possible le processus de photosynthèse. C’est pour cela qu’on trouve aussi bien végétaux hydrophytes (immergés en partie ou totalement dans l’eau une partie de l’année ou plus), hélophytes (système racinaire dans un sol gorgé d’eau avec la base des tiges parfois immergées), ou tout simplement ayant besoin d’une grande quantité d’eau pour se développer. Autour de la mare il existe donc une ceinture de végétation. C’est une végétation particulière qu’on ne trouve qu’autour de cette mare et pas dans la foret voisine. On peut notamment parler des roseaux, plantes hélophyte (avec les pieds dans l’eau donc), qui eux aussi accueille une faune particulière. Certains oiseaux y nichent et y élèvent leurs petits car ces abris leur offre une meilleure protection que d’autre type de végétation. C’est le cas du bruant des roseaux, de locustelles ou de rousserolles par exemple.


N’oublions pas les tritons, salamandres, grenouilles, libellules, coléoptères aquatiques, mollusques etc.. Ajoutez à ça les autres oiseaux et mammifères de passage, ça fait du monde !


Outre ce monde macroscopique, de nombreux végétaux et animaux microscopiques seront présents et fortement utiles. Invisibles mais essentiels, ils servent de base à la chaîne alimentaire et de décomposeurs de la matière organique.


Notez que je n’ai pas parlé de poissons ! Et c’est normal. Pour avoir une biodiversité maximale dans une mare il ne faut pas de poissons. Ces derniers sont très néfastes pour la biodiversité des mares. Ils perturberont entre autre toute la chaîne alimentaire en dévorant par exemple des larves de libellules, tétards... Ces disparitions auront comme conséquences une baisse de la biodiversité générale mais aussi une profilération d’insectes dont nous ne sommes pas complètement fans (moustiques par exemple). Car les larves de moustique sont un plat très apprécié des larves de libellules ou d'amphibiens.


Petite précision importante si jamais vous créez ou observez une mare naturelle toute jeune. N’introduisez aucune espèce quelle qu'elle soit (végétaux comme animaux). C’est très réglementé/interdit par la loi et fortement déconseillé. Si jamais votre jardin n’est pas entouré d’une muraille en béton, amphibiens comme végétaux devraient venir spontanément.


Corridor écologique


Une mare peut aussi être un corridor écologique. Cette notion désigne un ou plusieurs milieux qui relient entre eux des espaces vitaux pour certaines espèces.Une haie entre deux parcelles agricoles peut permettre de relier des milieux boisés. Une certaine faune (et même flore) utilisera alors cette haie pour passer d’un bois à l’autre. Sans cette haie, animaux comme végétaux seraient peut être restés dans un seul bois.


Schéma illustrant le rôle de corridor écologique des mares et autres points d'eau pour les animaux dont les amphibiens
Figure 1 - Rôle des mares en tant que corridor écologique

C’est le même principe avec une mare. Regardez le schéma ci-dessus (n'hésitez pas à mettre une note en commentaire sur la qualité du dessin 😆) et mettons nous à la place de cette grenouille verte (Pelophylax sp.). Qui dit début du printemps dit début de la saison de reproduction. J’ai besoin d’un point d’eau pour ça et j’ai une endurance de 10km.. où vais-je bien pouvoir aller ?


  • Hors de question d’aller dans la mare (mare A) précédente, elle est peut-être comblée ou asséchée depuis.

  • Une mare est présente a 15km (mare C), mais je n’ai pas assez d’endurance pour y aller.


Si une mare était présente entre les deux (mare B), elle pourrai l’atteindre et ainsi la coloniser. Le même principe aura lieu l’année d’après. C’est donc grâce à cette continuité dans le réseau des mares que ces amphibiens peuvent coloniser de nouveaux milieux.


Ces amphibiens qui, par leur présence, peuvent amener des prédateurs (oiseaux, reptiles,..) et donc de la biodiversité. Et même si la même espèce d’amphibien se retrouvait déjà sur la mare C, c’est un avantage ! Certes la biodiversité en nombre d’espèces (dite biodiversité spécifique) n’augmente pas, mais la biodiversité génétique si ! Et cette dernière est primordiale. Lorsque qu’un petit nombre d’individus se trouve dans un milieu, au bout d’un certain temps, la diversité génétique commence à diminuer et les gènes néfastes sont mis en avant plus facilement (pour faire très simple). Et pourtant, cette diversité est importante ! Elle permet de résister à un changement brusque du milieu. C'est pour ça, entre autres, que la consanguinité c'est pas bien 🤓.


Je m’explique : si une maladie décime les grenouilles vertes sur la mare C. Peut être que les nouvelles grenouilles ne possédant pas les mêmes gènes sont résistantes à cette maladie. Donc on trouverai toujours Pelophylax sp. dans nos mares alors que la population initiale aurait disparue.


Les corridors écologique permettent aussi d’augmenter cette diversité génétique, en rendant possible le passage de la biodiversité d’un milieu A à un milieu B. Plus il y a d’individus différents génétiquement, mieux se porte le milieu (sauf exception, cf adaptation locale pour ceux que ça intéresse).


La biodiversité n’est pas uniquement un nombre d’espèces, c'est bien plus que ça.


Objectif pédagogique


Bon, maintenant que votre cerveau a bien chauffé avec ces histoires de corridors écologiques et de génétiques, parlons de l'aspect pédagogique d'une mare. Cette dernière peut-être utilisée en tant que support d’animation pour les plus jeunes mais pas seulement. En observant sur le terrain toute

cette biodiversité et en donnant des informations sur son utilité, le grand public peut alors s’intéresser et se sensibiliser sur ces thématiques. Et je vous rappelle que s'intéresser / connaître un sujet c'est une étape majeure pour se donner les clefs de mieux en prendre soin (dans le cadre de l'environnement comme ici).



Service écosystémiques


Une mare, rappelons le, est une zone humide. De ce fait, elle contribue à de nombreux services écosystémiques. Mais ne vous méprenez pas, certains de ces services ne s’appliquent pas / voire peu aux mares. Mais je pense qu’il est important de rappeler l’importance (mot compte double ?) des zones humides en général.


Rappelons ce qu’est un service écosystémique. Il s’agit des avantages qu’obtient l’Homme des résultats de processus naturel de tel ou tel écosystème.On peut citer quelques exemples comme la pollinisation provenant de l’alimentation de certains insectes (cf. mon précédent article sur les insectes), l’oxygénation de l’air provenant de la photosynthèse des végétaux..


  • Services de régulation : fonction d’absorption de carbone, de stockage d’eau et donc de réduction des crues etc.. En captant les eaux de différentes origines, une mare pourra donc servir de stockage et éviter que cette eau aille autre part et ne participe à un phénomène de crue.

  • Services d’approvisionnement : Les zones humides nous servent de ressources en eau, de lieu de pêche (on ne parle pas que de mare ici, attention) mais aussi de ressource en énergie (hydraulique)

  • Services culturels : Ce type de services est lié à notre culture en terme de tourisme mais aussi de traditions. L’aspect esthétique des mares fait partie de ces services !


Juste pour info, il existe une valeur économique liée à ces services écosystémiques. Bien que critiquée et subjective, elle permet plus ou moins de mettre une valeur monétaire sur tous les services que nous rend la nature. Cette valeur est souvent utilisée afin de mieux placer l’environnement dans des enjeux économiques.


Je ne vais pas développer ce point car je vous avoue que toutes ces notions économiques ne sont pas mon fort. Mais je vous invite à aller vous renseigner sur ces sujets si cela vous intéresse !



Pourquoi je vous parle de ça ?


Cet article a pour but de vous donner des informations concernant ces points d’eau qui sont en danger ! Comme on l’a vu, nombre d’entre eux ne sont pas entretenus et se comblent, d’autres servent de décharge.. alors que ce sont des zones humides qui jouent des rôles très importants. et malgré tout ça, on constate un déclin des habitats des zones humides naturelles. Parallèlement, on observe une légère augmentation de l’étendue des zones humides artificielles, mais celle-ci ne compense pas la perte de zones humides naturelles. Les qualités de l’eau se dégradent aussi. Tous ces éléments entraînent donc une diminution des espèces inféodées à ces milieux mais aussi leur mise en danger.


Sensibilisez les gens autour vous, expliquez leur l’utilité d’une mare tant esthétique qu’écologique.

Et ce sont des milieux que vous, à votre échelle, pouvez protéger. Pour tout ceux qui se trouvent en Auvergne Rhones Alpes, il existe le projet « Mares où êtes vous » sous forme d’application mais aussi de site internet. Il vous permet, lors de vos balades ou oute autre activité, de recenser les mares que vous pouvez observer.


Vous pouvez même détailler une fiche de description qui caractérise la mare. Cela a pour but de mettre à jour un inventaire de présence de ces milieux mais aussi de leur état. 
Je vous place le lien du site juste ici : https://www.mares-libellules.fr


Pour les autres régions/zones géographiques, je sais qu’il existe des inventaires participatifs comme celui là ! Allez donc faire un petit tour sur Ecosia bien sûr 😉.



Conclusion


On arrive à la fin !


Il est vrai que je n'ai pas évoqué certains points qui peuvent être négatifs comme une trop grande présence de mare dans un même milieu qui a pour conséquence une homogénéisation de la biodiversité, dont le risque d’expansion d’espèces invasives.

Mais globalement, ces milieux communs autrefois, ont de vrais potentiels écologiques. Ils sont actuellement en réel danger ! En passant du service de régulation des crues, à l’aspect pédagogique à la sauvegarde de nos amis les amphibiens, pensez à tous ces milieux !


C’est pour ça que toi (oui toi, devant ton écran en train de lire cette parenthèse qui commence d’ailleurs à devenir beaucoup trop longue), tu peux participer à l’inventaire des mares dans pleins de régions de France mais aussi sensibiliser ton entourage sur l’importance de ces petits écosystèmes. Les sciences participatives sont vraiment utiles pour des enjeux comme celui là.


J’espère que cet article vous aura plu. N’hésitez pas à laisser un commentaire pour donner votre avis, apporter une précision, ou toute autre chose qui vous passe par la tête !



Merci d’être arrivé jusqu’au bout et à bientôt !


Pour soutenir mon travail, n'hésitez pas à visiter plus en profondeur mon site internet, à en parler autour de vous voire passer une petite commande dans la boutique 😁.


Hermann

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