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Mares : Sensibilisation et intérêts écologiques

Dernière mise à jour : 9 mai 2020


Si vous lisez ces lignes, c’est que cet article a attiré votre curiosité. Installez-vous, car il est fait pour toute personne intéressée par ce sujet, qu’elles le découvrent ou non. Si vous en savez plus et que vous avez envie d’apporter votre pierre à l’édifice (à la fois pour les lecteurs mais aussi pour nous), vous pouvez laisser un commentaire !

Je vais vous parler des mares et de leurs intérêts écologiques. Cette idée de thème m’est venue suite à un projet réalisé dans le cadre de mon Service Civique. Nous avons mis en place avec différentes structures et associations une mare au sein d’un refuge labellisé LPO*.

J’avais donc envie de vous sensibiliser au sujet en vous présentant les intérêts de ces milieux, aujourd’hui en danger.

Mais tout d’abord, qu’est ce qu’une mare ?

*Parenthèse sur les refuges LPO : Mise en place par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO donc), ces refuges sont des terrains privé comme des jardins, balcons (oui, oui, vous avez bien lu) ou publics comme des espaces verts. Leurs propriétaires s’engagent à accueillir et a préserver la biodiversité sur ces lieux.

Qu’est ce que ?


Une mare est un joli petit point d’eau ornemental avec de mignonnes carpes Koï dedans NON !

Pardon.. je me suis emporté. Avant tout, et pour appliquer l’introduction en entonnoir si bien enseignée à la fac, je vais vous parler des zones humides.

Selon la convention relative aux zones humides de 1971 (Ramsar) qui oeuvre pour leur conservation et utilisation rationnelle, les zones humides sont des « étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres ».

Ces milieux sont indispensables à toute la biodiversité autant pour les espèces qui y vivent et s’y reproduisent que pour celles qui s’y abreuvent juste.

Comme vous le savez, une mare correspond aux critères de la définition. Cependant il ne s’agit ni d’un lac ni d’une rivière. À mon sens (c’est assez complexe de trouver une définition précise d’une mare), une mare est une étendue d’eau généralement stagnante de faible profondeur qui peut posséder de nombreux caractères variables et ne se remplit pas en continu.

Mais alors, d’où viennent-elles ?

Origine et fonctionnement


Leur origine peut se classer en deux catégories.

Les mares naturelles : qui peuvent venir d’une simple dépression au niveau d’un sol imperméable, d’une accumulation d’eau suite au trou lié à un déracinement d’un arbre ou encore d’un bras mort de cours d’eau.

Mais aujourd’hui, la grande majorité des mares sont d’origine anthropiques, créées par l’Homme. À la base, elles étaient conçues pour abreuver le bétail, servir de lavoir, de réserve d’eau… Mais avec la modernisation et l’essor des technologies, elles ont été délaissées. Elles se sont donc bouchées ou ont même pu servir de dépotoir.

Quoiqu’il arrive, aujourd’hui, son utilité écologique n’est plus à démontrer et le blason des mares se redore (+1 point pour gryffondor).

Concernant le phénomène de remplissage, il ne diffère pas entre les deux catégories. L’eau pluviale, son ruissellement mais aussi les nappes phréatiques jouent ce rôle. C’est pour cela qu’il est dit qu’une mare n’est pas alimentée constamment.

Lors de la première mise en eau, l’équilibre écologique de la mare est encore loin d’être atteint. Sur les photos ci dessous, on observe la première mise en eau (de manière pluviale) d’une mare (celle réalisée dans le cadre de mon Service Civique ;) ). Vous voyez assez vite que ce n’est pas l’image que l’on se fait d’une mare.



Mare - mi mars 2020 - quelques jours après sa création



Et c’est normal ! Il faut encore que les producteurs primaires (végétaux) viennent la coloniser, ce qui va attirer leurs prédateurs etc… Comme tout écosystème, la mare va suivre son processus naturel d’évolution, qui la conduira (sans intervention humaine) à un comblement quoiqu’il arrive.

Toute jeune, la végétation va doucement commencer à coloniser la mare. Au début, il y a très peu de vase (sédiments) au fond. De plus en plus présente, la végétation prend de la place mais laisse aussi des dépôts tels que des feuilles comme on peut le voir ici. En se décomposant, cette matière organique, qui est aussi d’origine animale (insectes, excréments, …), se dépose au fond de la mare ce qui réduit le volume d’eau disponible. La continuité de ce processus naturel va entraîner, sans intervention humaine je rappelle, toute mare à se refermer un jour ou l’autre. Il s’agit du processus d’atterrissement.

PS : Si j’en ai l’opportunité, j’actualiserai l’article en ajoutant tous les x mois des photos de cette mare. C’est un moyen sympa de commenter et d’observer l’évolution d’une mare en direct !.


Petite parenthèse pour vous dire que ci-dessus, on peut observer la plantation de joncs directement après la création de la mare. Avant ça, la mare était un tout petit trou d’eau bordé de ces végétaux. Nous avons donc décidé de les replanter au même endroit, maintenant devenu une mare.

Diversité des mares


Même si la finalité d’une mare est son comblement, ce n’est pas pour autant qu’elles vont se ressembler, au contraire !


De nombreux critères caractérisent ces points d’eau : le type de milieu dans laquelle elle se trouve, l’âge, la nature du fond, la forme, la pente des berges, le pH, la vitesse du comblement, le type de faune et de flore qu’on y retrouve,..

Prenons un exemple :

Une mare aux alentours d’une grande végétation avec beaucoup d’arbres au dessus d’elle sera plus vite comblée par des débris végétaux qu’une mare au milieu d’une plaine. Mais cette dernière se dessèchera sans doute plus vite car elle sera plus exposée au soleil.


Cela montre une autre notion que je veux pointer du doigt, la notion de temporalité. Le principal élément d’une mare est l’eau (on est d’accord). Mais il faut savoir que cette eau n’est pas forcément présente toute l’année ! Eh oui Jamy ! Certaines mares s’assèchent en été, elles sont dites temporaires. Mais elles pourront potentiellement se re-remplir à la saison des pluies.

Cette mare temporaire est toute aussi importante qu’une mare en eau toute l’année (dite permanente), tout comme une mare gelée en hiver… Par contre, elles n’accueilleront pas la même biodiversité. C’est logique, certaines espèces ne supporteront pas la période sèche d’une mare, contrairement à d’autres.

Chaque mare est unique, importante, mais elles apportent toutes quelque chose de différent ! C'est un point essentiel, car cela fait aussi partie de la diversité de ces milieux.

Rôles écologiques

« Pourquoi sont-elles importantes ? » : très bonne question, merci.

Elles jouent des rôles de nature différente.

Tout d’abord, c’est un point d’eau. Eh oui ! Une mare en plein coeur d’une forêt permettra d’abreuver aussi bien mammifères qu’oiseaux. Placez-y un piège photo et vous serez peut-être surpris par ce que vous observerez ;).


Vous avez bien placés votre piège photo ? Parfait, vous pouvez donc m’aider à rédiger ces lignes. Car oui, une mare apporte beaucoup de biodiversité. Et plus il y a de biodiversité, plus le milieu est résistant aux changements brusques (on reviendra sur ce point juste après).


Du fait de sa faible profondeur, toute l’eau de la mare a accès à la lumière du soleil ce qui rend possible le processus de photosynthèse.

C’est pour cela qu’on trouve aussi bien végétaux hydrophytes (immergés en partie ou totalement dans l’eau une partie de l’année ou plus) hélophytes (système racinaire dans un sol gorgé d’eau avec la base des tiges parfois immergées), ou tout simplement ayant besoin d’une grande quantité d’eau pour se développer.


Autour de la mare il existe donc une ceinture de végétation. C’est une végétation particulière qu’on ne trouve qu’autour de cette mare et pas dans la forêt voisine. On peut notamment parler des roseaux, plantes hélophyte (avec les pieds dans l’eau donc), qui eux aussi accueillent une faune particulière. Certains oiseaux y nichent et y élèvent leurs petits car ces abris leur offrent une meilleure protection que d’autre type de végétation. C’est le cas du bruant des roseaux par exemple.



Bruant des roseaux (pas du tout sur des roseaux ici) - Emberiza schoeniclus

(© Hubert-Dudoit Hermann - 2020)

Passons la qualité de la photo, cet oiseaux est lié aux zones humides où l’on trouve des roseaux



N’oublions pas les tritons, salamandres, grenouilles, libellules, coléoptères aquatiques, mollusques etc… Ajoutez à ça les autres oiseaux et mammifères de passage, ça fait du monde !


Outre ce monde macroscopique, de nombreux végétaux et animaux microscopiques seront présents et fortement utiles. Invisibles mais essentiels, ils servent de base à la chaîne alimentaire et de décomposeurs de la matière organique.

Cette liste n’est bien sûr pas détaillée car, comme vu tout à l’heure, ce qui détermine les espèces présentes sont les conditions de la mare (pH, nature du sol, volume d’eau, mare temporaire ou non, pollution, …)



Agrion élégant - Ischnura elegans (© Hubert-Dudoit Hermann - 2020)

Demoiselle très courante que l’on retrouve essentiellement dans des zones d’eaux stagnantes (lac, mare,..)



Notez que je n’ai pas parlé de poissons ! Et c’est normal. Pour avoir une biodiversité maximale dans une mare il ne faut pas de poissons. Ces derniers sont très néfastes pour la biodiversité des mares. Ils perturberont entre autre toute la chaîne alimentaire en dévorant par exemple des larves de libellules, têtards… Ces disparitions auront comme conséquences une baisse de la biodiversité générale mais aussi une prolifération d’insectes dont nous ne sommes pas complètement fans (moustiques par exemple). Car les larves de moustique sont un plat très apprécié des larves de libellules ou amphibiens par exemple.

Les poissons rompent donc ce cycle qu’est la chaîne alimentaire.

Petite précision pour la fin, si jamais vous créez ou observez une mare naturelle toute jeune, n’introduisez aucune espèce quelle que soit (végétaux comme amphibiens). C’est très réglementée/interdit par la loi et fortement déconseillée. Si jamais votre jardin n’est pas entouré d’une muraille en béton, amphibiens comme végétaux devraient venir spontanément.



Une mare peut aussi être un corridor écologique. Cette notion désigne un ou plusieurs milieux qui relient entre eux des espaces vitaux pour certaines espèces.

Une haie entre deux parcelles agricoles peut permettre de relier des milieux boisés. Une certaine faune (et même flore) utilisera alors cette haie pour passer d’un bois à l’autre. Sans cette haie, animaux comme végétaux seraient peut être restés dans un seul bois.


C’est le même principe avec une mare. Regardez ce schéma et mettons nous à la place de cette grenouille verte (Pelophylax sp). Qui dit début du printemps dit début de la saison de reproduction. J’ai besoin d’un point d’eau pour ça et j’ai une endurance de 10km… où vais-je bien pouvoir aller ? Hors de question d’aller dans la mare précédente (mare A), elle est peut-être comblée ou asséchée depuis.



Grenouille verte se demandant où aller (ne jugez pas ce titre svp)



Une mare est présente à 15km (mare C), mais je n’ai pas assez d’endurance pour y aller d’une seule traite.


Si une mare était présente entre les deux (mare B), je pourrai l’atteindre et ainsi la coloniser. Le même principe aura lieu l’année d’après. C’est donc grâce à cette continuité dans le réseau des mares que ces amphibiens peuvent coloniser de nouveaux milieux.


Ces amphibiens qui, par leur présence, peuvent amener des prédateurs (oiseaux, reptiles,..) et donc de la biodiversité.


Et même si la même espèce d’amphibien se retrouvait déjà sur la mare C, c’est un avantage ! Certes la biodiversité en nombre d’espèces (dite biodiversité spécifique) n’augmente pas, mais la biodiversité génétique si !


Cette dernière est primordiale dans un milieu. Lorsque qu’un petit nombre d’individus se trouve dans un lieu, au bout d’un certain temps, la diversité génétique commence à diminuer (pour faire très simple). Et pourtant, cette diversité est importante ! Elle permet de résister à un changement brusque du milieu.


Je m’explique : si une maladie décime les grenouilles vertes sur la mare C. Peut être que les nouvelles grenouilles ne possédant pas les mêmes gènes sont résistantes à cette maladie. Donc on trouverai toujours Pelophylax sp dans nos mares.


Les corridors écologique permettent éventuellement d’augmenter cette diversité génétique, en rendant possible le passage de la biodiversité d’un milieu A à un milieu B. Plus il y a d’individus différents génétiquement, mieux se porte le milieu (sauf exception, cf adaptation locale pour ceux que ça intéresse).

Un corridor écologique peut alors augmenter dans les environs la diversité des milieux (une mare au milieu d’une forêt, …) des espèces, mais aussi des « gènes ». Et figurez-vous que ces trois piliers sont ceux qui forment : la biodiversité générale ! Waouw !



Grenouille verte (espèce indéterminée) - Pelophylax sp. (© Hubert-Dudoit Hermann - 2020)

Petite photo pour vous détendre et faire baisser la température de votre cerveau. Ici c’est une fameuse grenouille verte trouvée dans un point d’eau.



N’oublions pas le rôle pédagogique d’une mare. Cette dernière peut-être utilisée en tant que support d’animation pour les plus jeunes mais pas seulement. En observant sur le terrain toute cette biodiversité et en donnant des informations sur son utilité, le grand public peut alors s’intéresser et se sensibiliser sur ces thématiques.

Une mare, rappelons le, est une zone humide. De ce fait, elle contribue à de nombreux services écosystémiques.

Mais ne vous méprenez pas, certains de ces services ne s’appliquent pas/voire peu aux mares. Je trouve juste qu’il est important de traiter dans la globalité les services rendus par ces zones humides.


Rappelons ce qu’est un service écosystémique. Il s’agit des avantages qu’obtient l’Homme des résultats de processus naturel de tel ou tel écosystème.

On peut citer quelques exemples comme la pollinisation provenant de l’alimentation de certains insectes, l’oxygénation de l’air provenant de la photosynthèse des végétaux…


Voici la liste de différents services écosystémiques des zones humides (et donc potentiellement des mares) :

Services de régulation : fonction d’absorption de carbone, de stockage d’eau et donc de réduction des crues etc… En captant les eaux de différentes origines, une mare pourra donc servir de stockage et éviter que cette eau aille autre part et ne participe à un phénomène de crue.


Services d’approvisionnement : Les zones humides nous servent de ressources en eau, de lieu de pêche (on ne parle pas que de mare ici, attention) mais aussi de ressources en énergie (hydraulique).

Services culturels : Ce type de services est lié à notre culture en terme de tourisme mais aussi de traditions. L’aspect esthétique des mares en fait parti !


Juste pour info, il existe une valeur économique liée à ces services écosystémiques. Bien que critiquée et subjective, elle permet plus ou moins de mettre une valeur sur tous les services que nous rend la nature. Cette valeur est souvent utilisée afin de mieux placer l’environnement dans des enjeux économiques.

Je ne vais pas développer ce point car je vous avoue que toutes ces notions économiques ne sont pas mon fort. Mais je vous invite à aller vous renseigner sur ces sujets si cela vous intéresse !

(Ne comptez pas sur nous pour écrire un article sur ça)

Pourquoi je vous parle de ça ?


Cet article a pour but de vous donner des informations concernant ces points d’eau qui sont en danger ! Comme on l’a vu, nombre d’entre eux ne sont pas entretenus et se comblent, d’autres servent de décharge… alors que ce sont des zones humides qui jouent des rôles très importants. Et malgré tout ça, on constate un déclin des habitats des zones humides naturelles. Parallèlement, on observe une légère augmentation de l’étendue des zones humides artificielles, mais celle-ci ne compense pas la perte de zones humides naturelles.

Les qualités de l’eau se dégrade aussi. Tous ces éléments entraînent donc une diminution des espèces inféodées à ces milieux mais aussi leur mise en danger.


Sensibilisez les gens autour vous, expliquez leur l’utilité d’une mare tant esthétique qu’écologique.

Et ce sont des milieux que vous pouvez protéger. Pour tout ceux qui se trouvent en Auvergne Rhônes Alpes, il existe le projet «Mares où êtes-vous ?» sous forme d’application mais aussi de site internet. Il vous permet, lors de vos balades ou toute autre activité, de recenser les mares que vous pouvez observer.


Vous pouvez même détailler une fiche de description qui caractérise la mare. Cela a pour but de mettre à jour un inventaire de présence de ces milieux mais aussi de leur état. Je vous place le lien du site juste ici : https://www.mares-libellules.fr


Pour les autres régions/zones géographiques, je sais qu’il existe des inventaires participatifs comme celui là ! Allez donc faire un petit tour sur Google Ecosia bien sûr ;).

Conclusion


On arrive à la fin !


Il est vrai qu’on a pas évoqué certains points qui peuvent être négatifs comme une trop grande présence de mare dans un même milieu ayant pour conséquence une homogénéisation de la biodiversité, dont le risque d’expansion d’espèces invasives.


Mais globalement, ces milieux, communs autrefois, ont de vrais potentiels écologiques. Ils sont actuellement en réel danger ! En passant du service de régulation des crues, à l’aspect pédagogique et à la sauvegarde de nos amis les amphibiens, ils possèdent plus de bénéfices que de défauts.

C’est pour ça que toi (oui toi, devant ton écran en train de lire cette parenthèse qui commence d’ailleurs à devenir beaucoup trop longue), tu peux participer à l’inventaire des mares dans pleins de régions de France mais aussi sensibiliser ton entourage sur l’importance de ces petits écosystèmes. Les sciences participatives sont vraiment utiles pour des enjeux comme celui là.

Voilà, je m’arrête donc ici. J’espère que cet article vous aura plu. N’hésitez pas à laisser un commentaire pour donner votre avis, apporter une précision, affirmer votre préférence pour Serpentard,…


Merci d’être arrivé jusqu’au bout et à bientôt !

Hermann


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